Chaque mois, cette newsletter donne la parole à un inconditionnel de la mobilité douce. Pour débuter la série, voici un homme à la double casquette : utilisateur assidu et professionnel de la sécurité.
Quel utilisateur êtes-vous ?
Habitant en très proche périphérie de Lyon, je faisais auparavant 1 km à pied pour aller prendre mon métro, le prenais pour six stations, puis marchais à nouveau 1 km jusqu’à mon bureau situé dans l’hypercentre. Et pour mes déplacements intra-urbains, j’utilisais surtout le métro. Depuis que j’ai adopté la trottinette, il y a deux ans, je prends encore le métro pour venir de mon domicile, mais j’effectue tout le reste en roulant, y compris mes déplacements en ville et parfois le retour chez moi pour le plaisir de circuler sur les quais de Rhône, soit 7-8 km.
Pour le plaisir, dites-vous ?
Oui, honnêtement, la trott’ a changé ma façon de vivre ma mobilité et ma perception de la ville. Car il s’agit d’un déplacement de surface : on est dehors, on a le vent dans les oreilles, on est seul sur son engin, c’est Covid-comptatible, on se sent libre. En restant sur les pistes cyclables et tous les aménagements qui ont été réalisés ces derniers temps tels les contre-sens, c’est en réalité le mode transport le plus rapide ! Mieux qu’en voiture, à pied ou même à vélo. Seul le métro peut rivaliser à condition que les stations empruntées soient au plus près.
Jamais eu de souci ? D’accident ?
Non, je ne suis jamais tombé. Ces véhicules sont maniables, freinent bien. Certes, par rapport au vélo, la trott’ se montre plus sensible au relief du terrain et il faut donc faire davantage attention. Mais une étude américaine sortie l’an dernier nous montre avec trois ans de recul qu’il n’y pas plus d’accidents qu’à vélo, et deux fois sur trois ils touchent les primo-utilisateurs. Lorsqu’on débute, donc, attention à surtout prendre le temps d’apprivoiser son véhicule dans un endroit sécurisé !
Que dire alors à ceux qui hésitent pour se lancer ?
Le ressenti que j’en ai depuis que nous avons mis en place des ateliers d’initiation, via les collectivités ou les entreprises, avec l’association Prévention Routière pour laquelle je travaille, c’est que les néo-utilisateurs quel que soit l’âge sont souvent à tort plutôt angoissés : ils s’imaginent régulièrement que c’est plus dur à utiliser que ça ne l’est en réalité. Quant au risque, 80% des accidents mortels à vélo ou en trottinette ne l’auraient pas été si la personne avait porté un casque ! C’est un argument de poids, non ? Autre conseil important : s’assurer de « voir et être vu ». Ainsi, je me suis acheté de l’adhésif réfléchissant que j’ai collé sur trois niveaux sur le support vertical du guidon. Où qu’on soit, on le voit de partout, ça brille dans les phares comme un arbre de Noël sans déranger le trotteur : de nuit, on le sent à la réaction des voitures, elles lèvent le pied bien plus tôt.
Le pro de la mobilité que vous êtes a-t-il le même regard que l’utilisateur que vous êtes aussi ?
Je ne suis pas un tyran de la sécurité à tout prix : ce qui m’amène à l’association Prévention routière, c’est surtout d’être un passionné de pédagogie et amateur de solidarité. Si je devais inscrire un message à notre fronton, ce serait « La route est un espace partagé » : quel que soit le sentiment de chacun à l’encontre des autres moyens de transport et de leurs utilisateurs, il n’en reste pas moins que tout le monde doit cohabiter, et ça c’est très intéressant. Cette tendance est significative, moderne, et surtout durable… alors autant vivre ensemble sereinement et respectueusement !
Gaspard Michardière, trotteur heureux sur sa Xiaomi m365 Pro2
Article rédigé par Pascal Pennec