Portrait d’une jeune trotteuse parisienne

Lyse Beghin

Portrait d’une jeune trotteuse parisienne, étudiante de 21 ans, qui ne changerait de mode transport pour rien au monde malgré quelques déboires…

Bonjour Lyse, décrivez-nous la trotteuse que vous êtes.

Je me déplace exclusivement en trottinette depuis le mois d’août après avoir été une utilisatrice occasionnelle en louant des Lime depuis novembre 2019. Habitant près du Père Lachaise, dans le nord-est de la capitale, j’effectue chaque jour un long trajet de 13 km (26 aller-retour, donc) pour rallier l’extrême ouest de la ville en passant par Bastille et les quais, sachant qu’un quart de mon parcours se fait sur les voies de bus.

Pourquoi avez-vous adopté ce mode de transport ?

Parce que dans le métro il m’arrivait de faire de sérieuses crises de claustrophobie au point de ne plus pouvoir respirer. Sur ma trottinette, ces crises n’arrivent jamais. Alors, à moins de n’être vraiment pas en forme, qu’il pleuve ou qu’il vente je suis sur ma trott. Ça m’aère aussi l’esprit.

Votre trajet est agréable ou s’agit-il d’un parcours semé d’embuches ?

Globalement ça va, sauf quand les pistes cyclables se trouvent au milieu des trottoirs, car les piétons ne font vraiment pas attention, ou sur les pavés : malheureusement, ils sont si mal entretenus – beaucoup de joints complètement défaits, de pavés absents laissant de gros trous – que j’ai souvent l’impression que ma trott’ va se casser en morceaux. Surtout qu’il s’agit d’un modèle sans suspension, une Ninebot Max G30 que j’ai choisie pour sa bonne résistance à l’eau.

Durant vos trajets, comment se passe la cohabitation avec les autres usagers ?

Le pire c’est avec les voitures qui se garent sur les voies cyclables ou celles qui essaient de doubler dans les voies étroites : les automobilistes ne rendent pas compte à quel point c’est dangereux. La cohabitation avec les cyclistes, ça va. Mais avec les piétons, c’est compliqué. Il m’arrive fréquemment de me faire insulter ! On m’a même déjà craché dessus ou envoyé des objets.

Fichtre ! Comment l’expliquez-vous ?

Il y a vraiment une haine du trotteur à Paris. Je pense que tout ça est dû à ceux qui faisaient n’importe quoi lors du premier confinement, notamment sur les trottoirs, ou aux gamins qui font des rodéos avec des engins de location.  Et plus encore à cause de tous ceux qui grillent les feux. Pour moi qui respecte la signalisation, ce comportement m’énerve, ils sont inconscients.

Côté sécurité, vous êtes bien équipée ? Pas eu de bobo ?

Oui, je porte un casque, un gilet orange et une plaque clignotante indiquant stop et directions accrochée à mon sac à dos. Mais j’ai beau être très vigilante, j’ai eu un accident. Alors que je circulais sur une piste cyclable tracée au milieu d’un trottoir, en arrivant à une intersection j’ai percuté de plein fouet une dépanneuse. Un groupe de piétons lui avait bouché la vue et m’avais empêché de voir son clignotant. Il m’a traînée sur 5 mètres ! Bilan, un gros hématome au mollet droit et les terminaisons nerveuses en charpie. J’ai perdu toute sensibilité pour le moment mais ça devrait revenir. Enfin, y a pire…

Un message à faire passer ?

Il faut absolument améliorer la cohabitation entre piétons, vélos, trottinettes sur les voies réservées et lutter contre les véhicules qui s’y garent. Nos pistes sont constamment envahies et la Police ne fait rien, j’en ai été témoin. De même, il y a trop de pistes défoncées, ce qui représente une grave source d’accidents.

Article rédigé par Pascal Pennec