La pollution évitée grâce aux EDPM varie selon les saisons

 

 

Chiffrer l’impact énergétique des engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) constitue l’un des trois objectifs majeurs du programme Mobiprox. Pour y parvenir, le cabinet de conseil Green Soluce a été missionné pour mesurer cet impact sur trois polluants : les émissions de CO2, de PM10 (les particules fines) et de NOx (oxydes d’azote) en suivant 257 panélistes volontaires dans leurs trajets quotidiens.

Chaque mois, ces 257 utilisateurs d’une trottinette électrique ou d’un gyropode acceptent de répondre à un questionnaire détaillant leur recours à tous les modes de transports utilisés, tandis que la balise GPS de leur engin comptabilise leurs mouvements, en différenciant les moments où leur utilisateur est au guidon et ceux où l’EDPM est embarqué dans un véhicule ou en transport en commun.

Le but de l’étude est d’évaluer ainsi les émissions polluantes évitées grâce au recours total ou partiel d’un EDPM et de chiffrer ce que cela représente concrètement (en kilos de CO2 ou en grammes de particules fines et de NOx !) grâce à des équivalences d’efficacité énergétique établies à partir de sources reconnues* et pour chaque mode de transport : voiture, deux-roues, bus, RER, TER, métro, tram, vélo, etc.

Cette newsletter Mobiprox a déjà eu l’occasion de présenter le bilan de cette étude sur la période mars à septembre 2021. Elle vient d’être réactualisée avec l’ajout du dernier trimestre. Il en ressort des résultats très différentes, conséquence du recours très variable d’un EDPM selon les saisons.

Ainsi, entre mars et décembre 2021, 18.970 trajets ont été analysés (dans douze régions différentes), représentant un cumul de 85.543 km. Sur ce total, 12,5% ont été réalisés en multimodalité, l’EDPM remplaçant le recours à la voiture ou un transport en commun. Green Soluce a calculé que ce report modal a permis :

-21.915 kWh de consommation d’énergie économisée, ce qui correspond à 137.000 km en véhicule électrique ou 208 années d’éclairage d’une ampoule !

-4.553 kg de CO2 évités, soit ce qu’émet un véhicule essence en 22.807 km.

-1.201 g de PM10 évités, soit ce qu’émet une voiture en 45.523 km.

-10.961 g de NOx évités, soit ce qu’émet un diesel en 18.659 km et une auto essence en 104.492 km.

Un bilan significatif, dont il est intéressant de constater qu’il varie considérablement selon les mois pris en compte. Alors que les plus longues distances des 257 panélistes ont de loin parcourues été en juillet, août et septembre (autour de 14.000 km chacun des mois), elles n’ont atteint que 3.000 à 6.500 km au printemps 2021 (certes perturbé par les couvre-feu et confinements) et autour de 7.000 km/mois au dernier trimestre. Or, les polluants évités ne suivent pas du tout les mêmes courbes.

Exemples : en août, le cumul des distances parcourues est de 13.125 km, pour des émissions de carbone évitées de 3,96kg de CO2 par panéliste. Alors qu’en septembre, avec une distance parcourue pourtant supérieure (14.928km), les émissions évitées sont presque doubles (6.272 kg) ! En comparaison, les émissions évitées en décembre ne s’élèvent qu’à 2,32kg pour 6.864 km, soit autant de CO2 économisés qu’en juin mais pour 8.132km. Ces paradoxes s’expliquent par le fait qu’en vacances d’été, on roule beaucoup plus en voiture dans des contrées lointaines, tandis qu’en juin et surtout en septembre on profite des beaux jours pour multiplier les déplacements proches de chez soi en EDPM. Contrairement aux mois d’automne à cause des conditions climatiques.

*Ademe, Airparif, Institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile-de-France, etc., en tenant compte de leurs taux moyens d’occupation respectifs, et d’un protocole standard pour les véhicules (différents gabarits et motorisations), tenant compte de leurs émissions polluantes (vignette Crit’Air…) mais aussi de fabrication : lieu de production, pour 10 années de durée de vie et 15.000 km par an.

Observatoire des micro-mobilités : https://mobiprox.fr/observatoire-mobiprox/

 

Article rédigé par Pascal Pennec