Portrait de Christophe Ramond

 

Mobiprox est arrivé juste à temps !

 

Mais que vient donc faire l’association Prévention Routière dans ce programme CEE ?

Dès le début des années 2000, l’association s’est intéressée au sujet lors de l’arrivée des Segway et autres engins motorisés tels les tricycles pour les personnes à mobilité réduite, qui posaient de vrais problèmes de sécurité et de partage de la route. Puis, au milieu des années 2010, la trottinette électrique a fait une entrée fracassante dopée par le free floating, forte d’une image populaire, jeune et bon marché. Très vite, ces trottinettes, omniprésentes dans les grandes villes, sont devenues des sujets de politique publique. C’est donc très naturellement que l’association a alerté sur l’urgence de mettre en place une prévention adaptée. Grâce à une étude inédite révélatrice de l’appétence mais aussi des risques de cette nouvelle mobilité, nous avons participé au débat public en amont des travaux préliminaires à la Loi d’Orientation des Mobilités.

Quelles ont été les actions et les recommandations de l’association ?

A ce moment-là, nous avons mené des actions de sensibilisation dans le cadre d’un programme baptisé Electromouv. Parallèlement, nous avons formulé nos positions auprès des parties prenantes, à savoir : la sanctuarisation des trottoirs pour les piétons, la circulation des trottinettes électriques sur les pistes et voies cyclables, mais aussi le port d’éléments de sécurité et l’interdiction d’usage avant 14 ans, en conformité avec l’âge de la conduite des cyclos.

Avez-vous été entendu ?

Sur les principes de circulation, oui et c’était important car ces trottinettes circulent jusqu’à 25km/h. Mais pour les éléments de sécurité, nous sommes restés sur notre faim, sans renoncer pour autant, car la pratique se développant, nous savons qu’il faut impérativement l’assortir, au minimum, du port du casque.

Mobiprox est donc arrivé après la bataille juridique ?

Non, pas du tout. Pour nous, Mobiprox est arrivé juste à temps pour accompagner le déploiement de ce mode de déplacement dans le cadre officiel du Code de la route. Depuis, et à la faveur de la crise sanitaire, nous voyons l’explosion du marché de la trottinette et de son usage avec, malheureusement, une augmentation du nombre d’accidents qui nécessite davantage de prévention.

Pourquoi avoir mené Mobiprox en partenariat avec la FPMM ?

Nous voulions engager les professionnels de ce secteur dans notre débat sur la sécurité dans le prolongement de notre action sur le sujet. Par ailleurs, la création d’un Observatoire promettait d’enrichir les connaissances sur cette pratique et avec elles d’accroître notre action à visée sociale et environnementale.

En quoi pensez que ce mode de déplacement ait une grande utilité sociale ?

Les retours de terrain, les témoignages, tout converge vers cet intérêt. En effet, le premier bénéfice pointé est le coût très accessible pour l’utilisateur, depuis l’achat de l’engin jusqu’à l’énergie consommée. Moins chère que le vélo à assistance électrique, la trottinette est jugée plus pratique, car petite, facile à ranger et à transporter. Véritable passe-partout, on peut l’emmener avec soi sans risquer de se la faire voler et l’embarquer dans les transports en commun ou dans une voiture en cas de co-voiturage. C’est la solution pratique et gain de temps.

A la fin du programme, qu’en tirera l’association Prévention Routière ?

Au total, à la fin de l’année, nous aurons sensibilisé 15 000 personnes et informé de très nombreux Français sur les réseaux sociaux et via les retombées presse. Cette forte activité a généré d’autres actions de prévention mises en place par d’autres acteurs, tels les assureurs, par exemple. Ces actions de sensibilisation sont essentielles car elles répondent à une forte appétence du grand public pour ce mode de déplacement et les aident à prendre conscience qu’il ne s’agit pas d’un jouet mais d’un vrai mode de déplacement qui impose le respect des règles.

Etes-vous utilisateur ?

Bien sûr ! Les modalités électriques, vélos et trottinettes, ont pris la place de la deuxième voiture de la « flotte » familiale. La trottinette électrique est un excellent outil d’intermodalité, mais aussi de mode de déplacement sur de courts trajets en alternative à la voiture.

Avez-vous déjà eu peur ?

Oui. Les notions d’équilibre, de freinage et d’adhérence peuvent surprendre. Il faut savoir anticiper les situations. J’ai, par exemple, fait l’expérience de l’invisibilité ! En plein carrefour, alors que j’avais la priorité, j’ai réalisé que le conducteur de la voiture arrivant sur ma gauche ne m’avait pas vu. J’ai ralenti, mais quand je suis enfin rentré dans son champ de vision, je l’ai vu sursauter… plus de peur que de mal, mais ça m’a démontré, si c’était encore nécessaire, combien nos messages de prévention sont importants !

Article rédigé par Anne Lavaud