Trottinette électrique VS vélo : les points du code la route qui diffèrent

La publication du décret du 23 octobre 2019 a enfin donné un statut officiel aux engins de déplacement personnel motorisé (EDPM) et en a précisé les règles d’utilisation. Pour l’essentiel, celles-ci s’alignent sur la réglementation des cycles à deux ou trois roues. Mais subsistent toutefois quelques différences importantes…

-Pas le même âge. Il n’y a en théorie pas d’âge minimal pour laisser un enfant circuler à vélo sur la voie publique. En ville, il est autorisé à emprunter les trottoirs jusqu’à 8 ans. A partir de 8 ans il est fortement recommandé d’accompagner l’enfant pour son apprentissage de la circulation sur la chaussée. A contrario, il faut avoir au minimum 12 ans pour utiliser une trottinette électrique ou tout autre engin personnel motorisé.

Les conseils de l’association Prévention Routière :

https://www.preventionroutiere.asso.fr/2016/04/04/lui-apprendre-a-faire-du-velo/

-Les EDPM cantonnés aux villes. En agglomération, la réglementation spécifique aux cyclistes s’applique aux utilisateurs d’EDPM, sauf exception. Interdites de circulation sur les trottoirs (à moins d’une autorisation du maire), ces deux catégories d’usagers peuvent rouler partout en privilégiant les pistes cyclables ( certaines sont obligatoires ) et respectant la signalisation routière, en particulier les limitations de vitesse. Les conducteurs d’engins de déplacement personnel motorisés doivent circuler sur les bandes ou pistes cyclables, qu’elles soient signalées par un panneau bleu de forme ronde ou par un panneau bleu de forme carrée. En l’absence de bandes ou pistes cyclables, ils peuvent également circuler sur les routes dont la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 50 km/h. Les EDPM sont autorisés à pendre les double sens cyclables comme les vélos (20 km/h dans les zones de rencontre, au pas dans les aires piétonnes). Par contre les EDPM doivent toujours circuler en file indienne, alors que les cyclistes peuvent être à deux de front lorsque les conditions de circulation sont favorables.

Hors agglomération, c’est la grande injustice aux yeux des trotteurs : il leur est interdit de circuler sauf sur les axes dûment signalés (dont les voies vertes), contrairement aux cyclistes qui peuvent emprunter n’importe quelle route à l’exception des voies rapides et de celles signalées par un panneau cerclé de rouge.

-Des règles à la carte. Oui, le code de la route des voitures s’applique aux utilisateurs d’un vélo ou d’une trottinette électrique : il est donc interdit à tous de griller un feu rouge, conduire en état d’ivresse ou tenir en main un téléphone. En cas d’infraction, pas de perte de points au guidon de ces engins mais l’amende est la même. Au niveau réglementation, peu de différences à signaler entre vélo et EDPM. Parmi lesquelles le gilet ou le brassard rétroréfléchissant obligatoire la nuit ou de jour par faible visibilité pour les trotteurs (donc en ville), alors que cette règle ne s’impose aux cyclistes qu’en dehors des agglomérations (il est bien sûr conseillé d’en porter un en permanence). Le casque n’est obligatoire que pour les cyclistes de moins de 12 ans, mais quiconque au guidon d’un engin motorisé ou pas ferait mieux d’en porter toujours un. Aucune limitation de vitesse ne s’impose aux vélos autres que celles propres aux villes, contrairement aux EDPM bridés par construction à 25km/h. Même bridage d’origine pour les moteurs des vélos à assistance électrique (250W maxi), mais rien n’empêche son utilisateur de rouler plus vite à la force des mollets. Aux feux tricolores, les utilisateurs d’EDPM tout comme les utilisateurs de cyclo-mobiles légers peuvent attendre le passage du feu vert dans un sas vélos… par contre ils n’ont pas la possibilité de passer au rouge en présence du petit panneau triangulaire (« M12 ») surnommé « tourne-à-droite » (ou autre selon le sens de la flèche), qui reste l’exclusivité des cyclistes. Enfin, il est interdit de tracter une remorque et de monter à deux sur une trottinette, alors que c’est possible à vélo à condition de disposer d’un second siège et de repose-pieds.

-Assurance obligatoire pour les EDPM. Aucun contrat d’assurance spécifique n’est nécessaire pour l’utilisation d’un vélo, toutefois il est recommandé de vérifier s’i l’on est couvert au titre de la garantie responsabilité civile, incluse dans son contrat multirisques habitation. A contrario, les EDPM étant des véhicules terrestres à moteur, leurs conducteurs doivent obligatoirement souscrire une RC spécifique (à partir de 3€ par mois), ce que beaucoup semblent encore ignorer à voir le bilan 2021 des prises en charge par le Fonds de garantie des victimes. L’an dernier, 393 personnes ont encore dû être indemnisées. Or, rappelons qu’en cas d’accident, un non-assuré responsable devra rembourser le Fonds de garantie des sommes versées à la victime, qui peuvent vite atteindre des milliers d’euros. Sans compter l’amende, jusqu’à 750€, voire 3.750€ en cas de récidive.

Conseils de France assureurs : https://www.franceassureurs.fr/assurance-protege-finance-et-emploie/assurance-protege/lassurance-en-pratique-pour-les-particuliers/le-velo-et-assurance/

 

La famille des micro-mobilités s’agrandit

 

 

En officialisant la création des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) le 23 octobre 2019, le législateur n’avait pas envisagé le développement d’une autre mobilité douce, avec des engins possédant une selle. Grâce à l’action de la FP2M (Fédération des professionnels de la micro-mobilité), un décret paru le 15 janvier 2022 vient amender le code de la route en intégrant une sous-catégorie des cyclomoteurs : le cyclomobile léger.

Cette sous-catégorie désigne les engins munis d’un siège plus communément appelés draisiennes électriques, de plus en plus répandues sans toutefois respecter les conditions essentielles d’accès à l’espace public de la catégorie cyclomoteur L1eB, c’est à dire homologation, immatriculation, permis, port du casque etc. Ce nouveau décret vient « alléger » les exigences techniques pour ces engins dont l’usage les assimile aux EDPM, tout en maintenant un haut niveau d’exigence en terme de sécurité des cyclomobiles; l’obligation de passer une homologation auprès des laboratoires accrédités par l’état. La définition de cette sous-catégorie L1e-B précise que le cyclomobile est « conçu et construit pour le déplacement d’une seule personne et dépourvu de tout aménagement destiné au transport de marchandises, dont la vitesse maximale par construction n’excède pas 25 km/h, équipé d’un moteur non thermique dont la puissance maximale nette est inférieure ou égale à 350W, ayant un poids à vide inférieur ou égal à 30 kg. » Sa longueur maximale est portée à 1,65 m, soit 30 cm de plus que les trottinettes.

Pour autant, ce ne sont pas les règles propres aux cyclomoteurs qui s’appliquent, mais bien celles des EDPM. Ainsi, nul besoin d’immatriculation ou de carte grise. Leur utilisation est donc possible à partir de 12 ans et aux mêmes conditions de circulation : port du casque non obligatoire mais vivement recommandé, assurance responsabilité civile spécifique, respect des mêmes règles de circulation. A savoir emprunter les bandes ou pistes cyclables dans le sens de circulation, sur les chaussées où la vitesse maxi est inférieure ou égale à 50 km/h, les aires piétonnes à condition de conserver l’allure du pas et de ne pas gêner les piétons, les accotements équipés d’un revêtement routier, etc. (plus de détails dans le sujet ci-dessous).

>Plus de détails sur https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15451 ou https://fpmm.fr/communique-de-presse-14-janvier-2022-le-cyclomobile-leger-entre-dans-le-code-de-la-route/

Commentaire de Jocelyn Loumeto, délégué général de la FP2M : « enfin un nouveau statut pour ces engins qu’on nomme « draisiennes » qui vont avoir les mêmes droits de circulation que les EDPM tout en conservant l’obligation d’homologation faite aux cyclomoteurs. Cela va ouvrir ce marché à des acteurs responsables tout en nettoyant l’espace public des engins de qualité médiocre que l’on peut parfois voir dans la distribution. L’allongement de la longueur maximale pour les EDPM acte une double victoire pour la fédération, même si elle avait proposé plutôt 1,90m. Cependant, l’autorisation de la circulation des EDPM en dehors des agglomérations reste un combat majeur. »

 

Article rédigé par Pascal Pennec.

La pollution évitée grâce aux EDPM varie selon les saisons

 

 

Chiffrer l’impact énergétique des engins de déplacement personnels motorisés (EDPM) constitue l’un des trois objectifs majeurs du programme Mobiprox. Pour y parvenir, le cabinet de conseil Green Soluce a été missionné pour mesurer cet impact sur trois polluants : les émissions de CO2, de PM10 (les particules fines) et de NOx (oxydes d’azote) en suivant 257 panélistes volontaires dans leurs trajets quotidiens.

Chaque mois, ces 257 utilisateurs d’une trottinette électrique ou d’un gyropode acceptent de répondre à un questionnaire détaillant leur recours à tous les modes de transports utilisés, tandis que la balise GPS de leur engin comptabilise leurs mouvements, en différenciant les moments où leur utilisateur est au guidon et ceux où l’EDPM est embarqué dans un véhicule ou en transport en commun.

Le but de l’étude est d’évaluer ainsi les émissions polluantes évitées grâce au recours total ou partiel d’un EDPM et de chiffrer ce que cela représente concrètement (en kilos de CO2 ou en grammes de particules fines et de NOx !) grâce à des équivalences d’efficacité énergétique établies à partir de sources reconnues* et pour chaque mode de transport : voiture, deux-roues, bus, RER, TER, métro, tram, vélo, etc.

Cette newsletter Mobiprox a déjà eu l’occasion de présenter le bilan de cette étude sur la période mars à septembre 2021. Elle vient d’être réactualisée avec l’ajout du dernier trimestre. Il en ressort des résultats très différentes, conséquence du recours très variable d’un EDPM selon les saisons.

Ainsi, entre mars et décembre 2021, 18.970 trajets ont été analysés (dans douze régions différentes), représentant un cumul de 85.543 km. Sur ce total, 12,5% ont été réalisés en multimodalité, l’EDPM remplaçant le recours à la voiture ou un transport en commun. Green Soluce a calculé que ce report modal a permis :

-21.915 kWh de consommation d’énergie économisée, ce qui correspond à 137.000 km en véhicule électrique ou 208 années d’éclairage d’une ampoule !

-4.553 kg de CO2 évités, soit ce qu’émet un véhicule essence en 22.807 km.

-1.201 g de PM10 évités, soit ce qu’émet une voiture en 45.523 km.

-10.961 g de NOx évités, soit ce qu’émet un diesel en 18.659 km et une auto essence en 104.492 km.

Un bilan significatif, dont il est intéressant de constater qu’il varie considérablement selon les mois pris en compte. Alors que les plus longues distances des 257 panélistes ont de loin parcourues été en juillet, août et septembre (autour de 14.000 km chacun des mois), elles n’ont atteint que 3.000 à 6.500 km au printemps 2021 (certes perturbé par les couvre-feu et confinements) et autour de 7.000 km/mois au dernier trimestre. Or, les polluants évités ne suivent pas du tout les mêmes courbes.

Exemples : en août, le cumul des distances parcourues est de 13.125 km, pour des émissions de carbone évitées de 3,96kg de CO2 par panéliste. Alors qu’en septembre, avec une distance parcourue pourtant supérieure (14.928km), les émissions évitées sont presque doubles (6.272 kg) ! En comparaison, les émissions évitées en décembre ne s’élèvent qu’à 2,32kg pour 6.864 km, soit autant de CO2 économisés qu’en juin mais pour 8.132km. Ces paradoxes s’expliquent par le fait qu’en vacances d’été, on roule beaucoup plus en voiture dans des contrées lointaines, tandis qu’en juin et surtout en septembre on profite des beaux jours pour multiplier les déplacements proches de chez soi en EDPM. Contrairement aux mois d’automne à cause des conditions climatiques.

*Ademe, Airparif, Institut d’aménagement et d’urbanisme de l’Ile-de-France, etc., en tenant compte de leurs taux moyens d’occupation respectifs, et d’un protocole standard pour les véhicules (différents gabarits et motorisations), tenant compte de leurs émissions polluantes (vignette Crit’Air…) mais aussi de fabrication : lieu de production, pour 10 années de durée de vie et 15.000 km par an.

Observatoire des micro-mobilités : https://mobiprox.fr/observatoire-mobiprox/

 

Article rédigé par Pascal Pennec

Portrait de Christophe Ramond

 

Mobiprox est arrivé juste à temps !

 

Mais que vient donc faire l’association Prévention Routière dans ce programme CEE ?

Dès le début des années 2000, l’association s’est intéressée au sujet lors de l’arrivée des Segway et autres engins motorisés tels les tricycles pour les personnes à mobilité réduite, qui posaient de vrais problèmes de sécurité et de partage de la route. Puis, au milieu des années 2010, la trottinette électrique a fait une entrée fracassante dopée par le free floating, forte d’une image populaire, jeune et bon marché. Très vite, ces trottinettes, omniprésentes dans les grandes villes, sont devenues des sujets de politique publique. C’est donc très naturellement que l’association a alerté sur l’urgence de mettre en place une prévention adaptée. Grâce à une étude inédite révélatrice de l’appétence mais aussi des risques de cette nouvelle mobilité, nous avons participé au débat public en amont des travaux préliminaires à la Loi d’Orientation des Mobilités.

Quelles ont été les actions et les recommandations de l’association ?

A ce moment-là, nous avons mené des actions de sensibilisation dans le cadre d’un programme baptisé Electromouv. Parallèlement, nous avons formulé nos positions auprès des parties prenantes, à savoir : la sanctuarisation des trottoirs pour les piétons, la circulation des trottinettes électriques sur les pistes et voies cyclables, mais aussi le port d’éléments de sécurité et l’interdiction d’usage avant 14 ans, en conformité avec l’âge de la conduite des cyclos.

Avez-vous été entendu ?

Sur les principes de circulation, oui et c’était important car ces trottinettes circulent jusqu’à 25km/h. Mais pour les éléments de sécurité, nous sommes restés sur notre faim, sans renoncer pour autant, car la pratique se développant, nous savons qu’il faut impérativement l’assortir, au minimum, du port du casque.

Mobiprox est donc arrivé après la bataille juridique ?

Non, pas du tout. Pour nous, Mobiprox est arrivé juste à temps pour accompagner le déploiement de ce mode de déplacement dans le cadre officiel du Code de la route. Depuis, et à la faveur de la crise sanitaire, nous voyons l’explosion du marché de la trottinette et de son usage avec, malheureusement, une augmentation du nombre d’accidents qui nécessite davantage de prévention.

Pourquoi avoir mené Mobiprox en partenariat avec la FPMM ?

Nous voulions engager les professionnels de ce secteur dans notre débat sur la sécurité dans le prolongement de notre action sur le sujet. Par ailleurs, la création d’un Observatoire promettait d’enrichir les connaissances sur cette pratique et avec elles d’accroître notre action à visée sociale et environnementale.

En quoi pensez que ce mode de déplacement ait une grande utilité sociale ?

Les retours de terrain, les témoignages, tout converge vers cet intérêt. En effet, le premier bénéfice pointé est le coût très accessible pour l’utilisateur, depuis l’achat de l’engin jusqu’à l’énergie consommée. Moins chère que le vélo à assistance électrique, la trottinette est jugée plus pratique, car petite, facile à ranger et à transporter. Véritable passe-partout, on peut l’emmener avec soi sans risquer de se la faire voler et l’embarquer dans les transports en commun ou dans une voiture en cas de co-voiturage. C’est la solution pratique et gain de temps.

A la fin du programme, qu’en tirera l’association Prévention Routière ?

Au total, à la fin de l’année, nous aurons sensibilisé 15 000 personnes et informé de très nombreux Français sur les réseaux sociaux et via les retombées presse. Cette forte activité a généré d’autres actions de prévention mises en place par d’autres acteurs, tels les assureurs, par exemple. Ces actions de sensibilisation sont essentielles car elles répondent à une forte appétence du grand public pour ce mode de déplacement et les aident à prendre conscience qu’il ne s’agit pas d’un jouet mais d’un vrai mode de déplacement qui impose le respect des règles.

Etes-vous utilisateur ?

Bien sûr ! Les modalités électriques, vélos et trottinettes, ont pris la place de la deuxième voiture de la « flotte » familiale. La trottinette électrique est un excellent outil d’intermodalité, mais aussi de mode de déplacement sur de courts trajets en alternative à la voiture.

Avez-vous déjà eu peur ?

Oui. Les notions d’équilibre, de freinage et d’adhérence peuvent surprendre. Il faut savoir anticiper les situations. J’ai, par exemple, fait l’expérience de l’invisibilité ! En plein carrefour, alors que j’avais la priorité, j’ai réalisé que le conducteur de la voiture arrivant sur ma gauche ne m’avait pas vu. J’ai ralenti, mais quand je suis enfin rentré dans son champ de vision, je l’ai vu sursauter… plus de peur que de mal, mais ça m’a démontré, si c’était encore nécessaire, combien nos messages de prévention sont importants !

Article rédigé par Anne Lavaud

Les EDPM sont enfin éligibles au Forfait mobilité durable

 

 

Nul doute qu’avec la flambée des prix des carburants, nombre de salariés du privé ou d’agents de la fonction publique décident d’abandonner leur voiture au profit de solutions plus économes. Une bonne occasion de rappeler que leur employeur est peut-être en mesure de leur faire bénéficier du “forfait mobilités durables“ (FMD), mesure inscrite dans la loi d’orientation des mobilités (LOM). Le principe consiste en une prise en charge plus ou moins élevée des frais de transports domicile-travail à condition de recourir aux solutions dites propres. Grande nouvelle : les EDPM ont intégré depuis le 1er janvier la liste des modes éligibles au dispositif.

 

-Une mesure facultative pour les entreprises. Elles ont l’obligation toutefois d’aborder le sujet avec les représentants du personnel dans le cadre du CSE, car la mobilité domicile-travail fait désormais partie des Négociations annuelles obligatoires (NAO) dans les structures de plus de 50 salariés. La LOM laisse une grande marge de manœuvre aux sociétés pour déterminer elles-mêmes les moyens de déplacements et les services qu’elles veulent promouvoir et établir les règles pour s’assurer qu’un salarié bénéficiant du FMD respecte ses engagements.

-Une aide à la carte. Montant, modalités et critères d’attribution sont déterminés par accord d’entreprise, interentreprises ou à défaut par accord de branche. La mise en place de cette prise en charge est collective : une fois décidée, tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier, y compris les CDD, intérimaires, apprentis, stagiaires, temps partiels, etc. Dans la fonction publique, les modalités d’octroi sont définies par délibération de la collectivité territoriale ou de l’établissement public ou hospitalier.

-Différents moyens de transports possibles. Le montant forfaitaire peut être conditionné à la seule pratique du vélo (classique ou à assistance électrique, qu’il soit personnel ou en location), ou bien étendu à d’autres modes tels un engin de déplacement personnel (motorisé ou non) en location ou en libre-service, tout autre service de mobilité partagée (voiture ou scooter électrique en free floating), la voiture d’un salarié dans le cadre d’un covoiturage, les transports en commun en dehors des frais d’abonnement. Mais pas la marche à pied, le scooter d’un particulier ou le taxi pour le moment, cela devant être rediscuté dans les prochaines semaines dans le cadre d’une évaluation du dispositif.

-Selon la pratique et les dépenses réelles. L’aide dépend des kilomètres parcourus ou du nombre de jours de pratique dans l’année. Mais il peut être décidé qu’elle serve à participer à l’achat ou la location d’un vélo ou d’un EDPM, aux dépenses en accessoires de sécurité (antivol, casque…), d’entretien et de réparation. Ce peut être aussi pour régler les frais de carburant (jusqu’à 200€) ou de recharge des véhicules électriques ou hybrides rechargeables (500€ maxi).

-Jusqu’à 600€ par an et par salarié, parfois plus. La participation est de 500€, mais peut atteindre 600€ en cas de cumul avec un abonnement transport en commun ou à un service de free floating. Exemple, si le remboursement de l’abonnement transport est 250€/an, l’employeur pourra verser un FMD exonéré de 350 €. Car l’avantage fiscal résultant des deux aides ne peut dépasser le montant du remboursement de l’abonnement de transport public (sauf dans la fonction publique d’Etat). S’il l’atteint en ayant dépassé les 600€, le salarié devra le signaler comme un revenu dans sa déclaration d’impôts. Par ailleurs, la prise en charge du FMD peut se faire également via un “titre-mobilité“, solution de paiement spécifique, dématérialisée et prépayée. A noter enfin que le FMD remplace l’indemnité kilométrique vélo (IKV), mais celle-ci peut être maintenue dans les entreprises qui l’ont mise en place.

-Sur présentation de justificatifs. La prise en charge s’effectue sous réserve de l’utilisation réelle du FMD et la fourniture par le salarié à son employeur des pièces justificatives : attestation sur l’honneur (il existe un modèle type) ou factures d’achat, d’un service ou d’un abonnement. Pour l’utilisation d’un EDPM, par exemple, le propriétaire pourra produire ses factures d’achat ou d’entretien, le locataire la prise en charge des frais de location ou de recharge.

Plus de détails dans le Guide de la mise en place du forfait mobilités durables Club Mobilité M’PRO : https://www.mobilites-m.fr/pdf/Guide_Forfait_Mobilites_Durables_rev5.pdf

 

Article rédigé par Pascal Pennec

Quelles assurances pour mon EDPM?

 

 

Comme n’importe quel véhicule à moteur, les « Nouveaux véhicules électriques individuels » (NVEI), également appelés « Engins de déplacement personnel motorisé » (EDPM), sont désormais soumis à l’obligation d’assurance.

>RC au minimum. Cette assurance responsabilité civile, que tout propriétaire de gyropode, hoverboard, hoverskate, monoroue et autre trottinette électrique doit souscrire, couvre les dommages matériels ou corporels qu’il pourrait occasionner à quiconque.

>Locataires, attention ! Cette obligation d’assurance vous concerne également. A vous de vérifier que l’opérateur inclut bien cette couverture dans le contrat, car ce n’est pas systématiquement le cas.

>Lourdes sanctions. La conduite sans assurance d’un véhicule motorisé constitue un délit, au sens de l’article L 324-2 du Code de la route, qui prévoit jusqu’à 3.750€ d’amende. Et en cas de dégâts, votre victime sera indemnisée par le Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO), qui se retournera ensuite contre vous pour récupérer les sommes versées majorées de 10 %.

>Embarras du choix. Pour souscrire cette assurance, rien de plus simple : toutes les mutuelles, compagnies d’assurance et autres spécialistes proposent différentes formules couvrant les NVEI. Selon que vous soyez un utilisateur très occasionnel ou régulier, que vous possédiez un engin bas de gamme ou très cher, que vous soyez déjà assuré pour une voiture ou un deux-roues, à vous choisir la couverture la plus adaptée. Les prix démarrent dès 3€ environ par mois pour une RC simple, et vont très vite grimper pour inclure le vol, et plus encore pour couvrir vos propres blessures en cas de chute. Si la conduite d’un EPDM exige d’avoir au minimum 12 ans, les contrats d’assurance peuvent se limiter aux seuls utilisateurs majeurs.

>Assurance spécifique au-delà de 25 km/h. Tout engin pouvant dépasser cette vitesse (jusqu’à 45 km/h) n’est plus considéré comme un EPDM. Il doit donc être immatriculé, son utilisateur doit détenir le BSR ou un permis AM, de même qu’une assurance deux-roues motorisé.

Quelques liens,

Allianz : https://www.allianz.fr/assurance-particulier/vehicules/assurance-autres-vehicules/nouvelles-mobilites.html

April : https://www.april.fr/assurance-moto/assurance-trottinette-electrique

Axa : https://www.axa.fr/assurance-moto/trottinette-electrique-edpm.html​​​​​​

CIC : https://www.cic.fr/fr/professionnels/assurance/tout-savoir-nouveaux-vehicules-electriques-individuels.html

Crédit Mutuel : https://www.creditmutuel.fr/fr/particuliers/assurance/assurance-mobilite-urbaine.html

LCL : https://www.lcl.fr/assurer-vehicule/assurance-engins-de-deplacements-personnels-motorises-edpm

Le Lynx : https://www.lelynx.fr/assurance-moto/vehicule/autres/nvei/

Luko : https://www.luko.eu/fr/assurance/trottinette-electrique-nvei

Maaf : https://www.maaf.fr/fr/assurance-trottinette-electrique

Maif : https://www.maif.fr/vehicule-mobilite/assurance-trottinette-electrique

Matmut : https://www.matmut.fr/assurance/nvei/trottinette-electrique

Mutuelle des motards : https://www.mutuelledesmotards.fr/actualites/assurance-trottinettes-et-velos-electriques-100-en-ligne

Smeno : https://www.smeno.com/assurances/pack-nvei/

Wizzas : https://mobilites.wizzas.com/assurance/nvei/

GMF : https://www.gmf.fr/vehicules/assurance-auto-moto/assurance-trottinette-electrique

 

Article rédigé par Pascal Pennec

Calculette CO2 Mobiprox

 

 

 

C’est une autre mission du programme Mobiprox : aider les particuliers, collectivités et entreprises à évaluer les économies d’énergies réalisées quand on recourt partiellement ou totalement à un EDPM. Pour ce faire a été créée une « calculette CO2 » très simple d’utilisation, inspirée de celle de l’Ademe mais appliquée à l’intermodalité. C’est-à-dire qu’elle permet de comparer les kilos de CO2 émis à l’année pour vos trajets réguliers actuels par rapport au bilan que vous afficheriez si vous combiniez un ou plusieurs modes de transports différents. Le choix est large, puisqu’il est possible d’intégrer jusqu’à cinq types de transports (parmi dix-huit différents) pour un même trajet, depuis la trottinette électrique jusqu’au TER en passant par la voiture en solo ou en covoiturage, la moto, le métro, le tram ou même le TGV.

Prenons l’exemple d’un salarié parcourant actuellement 30 km par jour en voiture pour se rendre et revenir de son lieu de travail, 200 jours par an. Il suffit d’intégrer ces valeurs dans la calculette, et tombe le résultat : 6.000 km effectués à l’année correspondant à 1.158 kg de CO2 émis. Imaginons maintenant que ce même salarié soit tenté de faire le trajet en TER, en ralliant la gare située à 2,5 km de chez lui en EDPM. Verdict : la calculette indique 148,9 kg de CO2 seulement, soit une économie de 1009,1 kg par rapport à la voiture…

Pour se faire une idée de l’importance des écarts selon les modes de transports utilisés (sur 25km aller-retour, donc, plus 5km en EDPM), le recours à l’autobus se traduirait par un total de 539,9kg de CO2 émis, soit une économie de 618,1kg par rapport à l’autosolo ; en pratiquant le covoiturage, cela donnerait 507,4 kg (-650,6 kg) ; avec un petit deux-roues motorisé, 326,9 kg (-831,1 kg). A qui revient la palme de la vertu ? Au tramway, avec 35,9 kg (-1122,1 kg), qui fait un tout petit mieux que le métro francilien (37,4kg, contre 48,5 kg pour le métro hors Ile-de-France).

Bien entendu, il ne s’agit que de moyennes données à titre indicatif, car les résultats varient considérablement d’une part selon le type de motorisation de la voiture prise en compte (essence ou diesel) ou son gabarit et, d’autre part, le nombre de passagers embarqués dans les transports en commun. Il n’en reste pas moins que l’économie de CO2 étant directement corrélée à celle de la consommation de carburant, cela donne un peu plus encore à réfléchir à l’heure où les prix des produits pétroliers flambent à la pompe.

 

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Article rédigé par Pascal Pennec

Bien utiliser sa trott’ en hiver

 

 

 

Froid, intempéries et chaussées glissantes, voilà un cocktail bien dissuasif pour circuler en EDPM. Pour autant, sauf conditions extrêmes, à chaque problème sa solution : en étant bien équipé et en suivant plusieurs règles de prudence, il y a moyen de continuer à prendre du plaisir malgré tout. Trois mots d’ordre s’imposent : bien préparer sa monture, s’équiper en conséquence et adapter sa conduite.

 

 

>Préservez votre trottinette

-Etanchéifiez les parties sensibles. Les trottinettes résistent à l’eau, ce qui ne signifie pas qu’elles sont étanches. Or, entre pluie et flaques d’eau, elles en voient de toutes les couleurs, d’où la nécessité de renforcer leur protection. Pour cela, vous pouvez mettre du silicone sur les accès aux boîtiers des parties sensibles, du dégrippant et de la graisse sur les vis, câbles, moyeux et autres parties métalliques mal protégées.

-Bichonnez la batterie. Elle aussi souffre du froid, ce qui se traduit par une perte d’autonomie. Pour la préserver, évitez de la vider complètement, conservez-la au chaud et non dans un garage non chauffé et humide). Après un trajet, attendez qu’elle se réchauffe avant de la mettre en charge.

-Nettoyez régulièrement votre EPDM. Les rues étant souvent boueuses, voire imprégnées de sel s’il a gelé ou neigé, cela constitue une grave source de corrosion. Un bon rinçage s’impose, mais pas à coup de Kärcher !

-Veillez aux pneus. A cause de leurs petites roues, les EDPM sont plus sensibles aux intempéries que les autres deux-roues. D’où l’importance de veiller sur la qualité et l’usure des pneus, les changer dès que les sculptures sont moins marquées. Idem s’il s’agit de pneus pleins, à remplacer au moins pour l’hiver avec des pneus à air. La relative mollesse de ces derniers donne une meilleure adhérence, donc atténue le risque de glissade, et un meilleur freinage. A fortiori si vous les sous-gonflez légèrement afin d’accroître légèrement la surface en contact avec le sol. Au retour des beaux jours, pensez à les regonfler à la pression normale.

>Equipez-vous sérieusement

Porter une tenue étanche à l’eau et au froid constitue bien sûr le minimum, mais veillez à ce qu’elle n’entrave pas la liberté de mouvement. Le plus compliqué est de trouver des protections efficaces pour les extrémités.

-Les gants. Concilier résistance aux intempéries, souplesse et bon grip pour pouvoir aisément accélérer/freiner exige un essai en magasin pour bien choisir. Autres critères utiles : une fermeture ajustable (par velcro) et une longueur suffisante pour empêcher l’infiltration d’air et d’eau au niveau du poignet. Dans l’idéal, posséder deux paires permettra de laisser sécher celle du matin les jours de grosse intempérie.

-Les chaussures. Parvenir à éviter le bain de pieds au passage des flaques d’eau n’est pas toujours possible, surtout quand il n’y a pas la place de slalomer. Les fauchés peuvent recourir aux sacs poubelles, c’est efficace, les autres à des bottes/bottines préalablement imperméabilisées à coups de bombe.

-Le casque. Dans la mesure du possible, remisez la coque légère et aérée pour adopter un modèle plus enveloppant et intégrant une visière pour protéger aussi les yeux.

-Le cache-cou. Mieux qu’une écharpe qui laisse toujours passer un peu d’air ou risque de s’accrocher si l’extrémité flotte au vent. Il existe de plus des modèles réfléchissants.

-Les coudières/genouillères. Même si vous vous estimez expert, leur recours s’impose encore plus à la mauvaise saison.

-Une doudoune chauffante. Par grand froid, avoir un modèle doté de son radiateur intégré fonctionnant sur batterie autonome, c’est vraiment appréciable.

-Le gilet fluo ou tout au moins des bandes rétro-réfléchissantes sont aussi indispensables que le casque compte tenu du peu de lumière et de la longue amplitude des nuits. Ajoutez des loupiotes sur le casque et le sac à dos, celle située sur le garde-boue arrière d’une trottinette étant nettement insuffisante.

>Adaptez votre conduite

-Prudence prudence. Chaussée détrempée ou pluie sur route gelée entraînent un fort risque de glissage et un allongement des distances de freinage quel que soit le type de véhicule, et plus encore pour les deux-roues, a fortiori ceux dotés de petites roues. En conséquence, anticipez toute situation à risque (virage, bordure sur la chaussée, croisement, piéton…) en ralentissant et en allongement les distances de sécurité.

-Evitez les flaques autant que possible, car elles peuvent être gelées ou cacher un nid-de-poule.

-Soyez clair dans vos intentions. Si vous changez de direction, veillez à ce que les autres usagers comprennent votre manœuvre en amont pour éviter tout geste brusque, l’idéal étant de disposer d’un clignotant lumineux sur le casque ou le sac à dos. Un rétroviseur accroché au poignet ou au guidon préserveront vos arrières. A un croisement, établissez le contact visuel avec les autres (automobilistes, cyclistes, piétons, etc.).

-Oubliez le frein avant. Car un coup de patin un peu sec alors que la rue est bombée ou que la roue est un peu de travers, et c’est la chute assurée. Et gare aux gestes réflexes quand on est également cycliste, scootériste ou motard : les poignées de frein peuvent être interverties sur une trott’ (frein avant à gauche et non à droite). De même, pas de coup de frein trop brusque de la roue arrière sous peine de dérapage si la route est bombée.

-Sachez dire non. S’il neige, qu’il y a du verglas ou vous n’êtes pas en forme, renoncez à conduire.

D’autres conseils sur :

https://www.tworoule.com/post/les-10-tips-pour-bien-trotter-en-hiver

https://www.trot-secure.fr/blogs/blog-trottinette-electrique/hiver-en-trottinette-electrique-guide-ultime-de-survie

https://www.mobilityurban.fr/peut-on-utiliser-sa-trottinette-electrique-en-hiver.html

Article rédigé par Pascal Pennec.

Quatre familles d’utilisateurs identifiés grâce au programme Mobiprox

 

Le trotteur est souvent perçu comme un jeune urbain actif. Une image qui n’est pas fausse en soi, mais bien trop restrictive tant la diversité des profils est grande, comme vient de le démontrer la dernière étude de l’Observatoire de la micro-mobilité Mobiprox, copiloté par OpinionWay et Smart Mobility Lab. Chaque mois, ses 580 panélistes, tous utilisateurs réguliers d’une trottinette électrique ou d’une gyroroue, répondent à une série de questions afin de mieux cerner leur profil, l’usage réel de leur engin et les économies d’émissions de CO2 qu’ils réalisent*. Cette fois, l’objectif était en plus de différencier les types d’utilisateurs. Il en ressort quatre groupes bien distincts.

36% des utilisateurs sont des « pendulaires actifs« 

Comme son nom l’indique, cette catégorie regroupe les panélistes qui se servent de leur trottinette essentiellement en semaine (83% dans ce cas de figure alors que la moyenne des panélistes est de 55%) en priorité pour se rendre au travail (95% d’entre eux contre 74% au global), et très peu pour les loisirs. Ils sont d’un âge médian (35-49 ans) et le gain de temps représente pour eux la motivation première. Cet usage à vocation utilitaire les incite à se contenter d’un matériel peu puissant, de moins de 350 W pour la plupart.

32% des utilisateurs sont de « jeunes citadins« 

Eh oui, ce type d’usagers ne représente qu’un tiers des panélistes. Pour cette jeune population (53% de moins de 35 ans), la trottinette est un mode de transport urbain pratique, économique et polyvalent. Ils utilisent leur engin quotidiennement y compris le week-end, majoritairement dans les centres-villes et la proche banlieue des grandes agglomérations, tendance plus marquée en Ile-de-France et Paris. Ils possèdent des trottinettes électriques assez peu puissantes (66% de moins de 500 W contre 53% en moyenne) mais parcourent des distances cumulées relativement élevées : 53% entre 5 à 10 km (contre 36% en moyenne), et seulement 5% pour moins de 3 km (contre 18%).

21% des utilisateurs sont des « trotteurs du week-end« 

Leur usage des EDPM, avant tout occasionnel et pour des trajets plutôt courts, est centré sur la balade et les loisirs, le confort, l’écologie (55% pour ces deux motivations contre 37% en moyenne). Cela concerne une population plutôt féminine (49% de dames alors qu’elles ne représentent que 38% des panélistes) et un peu plus âgée que la moyenne (qui s’établit à 37,8 ans). Les trajets effectués sont plutôt courts, de moins de 5 km pour 70 % (contre 41% au global).

11% des utilisateurs sont des « wheelers passionnés« 

Ce groupe est essentiellement équipé en gyroroues, engins puissants (88% affichent plus de 1.000 W). Il s’agit d’hommes à 96% (alors qu’ils représentent 62% du panel), plutôt plus âgés que la moyenne (surreprésentation des plus de 50 ans), pour une utilisation intensive : tous les jours ou presque pour 74% (contre 50% en moyenne) en semaine comme le week-end, pour des déplacements pros et de loisirs sur des distances importantes (10 km et plus pour la moitié d’entre eux, contre 23% en moyenne).

Tous les détails sur https://mobiprox.fr/observatoire-mobiprox/

Article rédigé par Pascal Pennec

Quentin Morette, cofondateur de Two Roule

 

 

Une fois n’est pas coutume, Mobiprox donne cette fois la parole à un pro, Quentin Morette, l’un des trois cofondateurs de Two Roule. Cette jeune société s’est spécialisée dans la prévention et la formation à la conduite d’une trottinette électrique.

Mobiprox : Alors Quentin, la trottinette électrique, comment es-tu tombée dedans ?

Quentin Morette : Tout simplement en devenant utilisateur. C’était en 2019 au moment où je découvre cette formidable innovation. J’étais à l’époque étudiant en région parisienne, et résidait relativement loin de mon école. J’ai tout de suite réalisé l’intérêt de pratiquer l’intermodalité en utilisant le RER B et en finissant en trottinette, c’était pour moi un gain de 25% du temps de trajet.

MB : 2019 c’était hier, et c’est pourtant l’année de création de Two Roule…

QM : Dès mes premiers déplacements, j’ai ressenti la difficulté de se faire comprendre des autres usagers de la route et me suis demandé comment avoir une attitude sécuritaire pour éviter les confrontations et les éventuels accidents. En me servant de ce que j’avais appris au passage du permis de conduire, je me suis rendu compte que de petits gestes suffisaient. Par exemple, pour changer de direction, m’est venue l’idée d’utiliser le pied, pratique beaucoup moins dangereuse que la main. En fait, j’ai surtout réalisé qu’il n’existait pas de formation ni de sensibilisation pour apprendre les bons gestes.

MB : D’où l’idée, déjà, de créer Two Roule ?

QM : Exactement. Action/réaction, la prise de conscience a été immédiate : ça a fait tilt. D’un côté, j’avais déjà un pied dans l’événementiel de par ma formation et les différents emplois que j’avais occupés, de l’autre j’ai toujours été passionné par les techniques d’apprentissage des compétences. Mais on ne naît pas expert, on le devient. C’est en discutant, en approfondissant avec mes amis étudiants et futurs associés qu’on s’est dit : il y a quelque chose à faire, il y a trop de comportements déviants. De même, comme j’en ai fait l’expérience, pourquoi la trottinette ne pourrait-elle pas devenir une alternative pour tous ceux qui prennent la voiture alors qu’ils n’en ont pas forcément besoin ? Cela permettrait de limiter les émissions de gaz à effet de serre.

MB : Mais pourquoi avoir créé une entreprise et non une simple association ?

QM : En faisant le choix d’une association, nous nous disions : “on va s’investir mais sans pouvoir le faire à plein-temps“, car nous n’imaginions pas qu’on puisse être salarié d’une association ! D’où la décision de créer une entreprise dès juillet 2019, avec la volonté de pouvoir en vivre afin de promouvoir à temps complet écologie et les règles de sécurité de la trottinette. Two Roule est ainsi perçue comme une auto-école des mobilités douces, qui s’adresse aux entreprises et aux collectivités afin de diffuser ces messages. Nous sommes trois cofondateurs mais quatre associés, tous amis d’enfance.

MB : Ça se passe bien entre vous, tout roule ?

QM : Ça se passe très bien car notre système de management est basé sur le respect des autres, la bienveillance, la compétence de chacun. On a des règles simples de communication entre nous avec une vraie limite entre le caractère pro et perso. Chacun a des fonctions différentes. Je m’occupe du lancement de nouveaux produits, la partie administrative, je suis responsable du centre de formation et à l’initiative du système de montée en compétence et référent en Lean Management, notre système de croissance en interne. Un autre cofondateur est responsable marketing/communication et commercial, et le troisième est responsable de la partie opérationnelle et de la gestion financière.

MB : Vous parvenez à en vivre ?

QM : Au bout de deux ans, nous avons pu commencer à nous rémunérer un peu, ayant toujours préféré sécuriser d’abord les autres, ceux qui nous aidaient, en les rétribuant. Nous nous disions qu’on se payerait plus tard s’il resterait un peu d’argent. Et ce sera le cas pour 2021.

MB : Qu’est-ce qui vous surprend le plus parmi les stagiaires que vous formez ?

QM : Beaucoup de gens ont une perception faussée du danger que représente la trottinette et viennent à reculons, disant “c’est pas fait pour moi, j’ai pas de notions d’équilibre, j’arrive pas bien à vélo“. Alors, on leur dit “venez, essayez“. Nous lançons le challenge ensemble : “on vous donne 10 minutes si ça vous dit“. Derrière, ça créé une vraie émulation par l’accompagnement et la montée en compétence très progressive des personnes. Et ça marche. Pour dire, la personne la plus âgée qu’on ait formée était âgée de 93 ans. Quand on est bien accompagné, tout devient facile.

MB : En tant que pro, vous avez un message à faire passer aux autorités ?

QM : On sent qu’une prise de conscience commence à avoir lieu. Malheureusement, elle se fait la plupart du temps après la survenue d’un drame. Qui engage bien plus souvent les utilisateurs en free-floating que les propriétaires, qui respectent beaucoup plus les règles et font attention à la machine qui leur appartient. Je le dénonce : ils sont victimes de cet amalgame. Sinon, il reste encore beaucoup de choses à améliorer, en particulier tout ce qui peut contribuer à faciliter l’utilisation des mobilités douces : les pistes cyclables, bien sûr, mais aussi les voies vertes hors agglomérations compte tenu des interdictions de circuler des EDPM sur les routes à plus de 50 km/h.

MB : Et aux utilisateurs ?

QM : La trottinette reste trop assimilée à un jouet, image qu’on cherche à détruire. Le problème, c’est qu’on est encore sur un marché où le prix moyen reste très faible. Alors, on se dit “pourquoi y mettre 1.000€ alors qu’on peut en avoir une à 300€ ?“ Mais évidemment, s’il existe une telle différence de tarif, c’est parce qu’il y a une grosse différence de qualité tant en termes de composants que de prestations. Autre message, sur un plan écologique, se dire “qu’est-ce que je peux faire pour diminuer mes émissions de gaz à effet de serre“ ? J’ai un conseil : mieux vaut 1% d’amélioration chaque jour plutôt que viser 100% à la fin de l’année. Il y a 365 jours par an : si chaque jour on essaie de s’améliorer de 1%, au bout de l’année ça peut faire plus de 300% de progrès. Exemple : si on commence par éviter un trajet domicile-travail en voiture par semaine, ça en fait 52 de moins dans l’année. L’important, c’est l’amélioration quotidienne. C’est comme ça qu’on parviendra à préserver l’héritage de nos enfants.

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Article rédigé par Pascal Pennec